KUALA LUMPUR, Malaisie – Baháʼí News : Lors d’un rassemblement historique décrit comme le premier en son genre, le Centre National Baháʼí de Malaisie a accueilli dix « tok batin » (chefs traditionnels des villages Orang Asli), en plus de six représentants agissant au nom d’autres chefs de village. Cette conférence de trois jours n’était pas une simple réunion ordinaire, mais une opportunité de réimaginer le leadership lui-même comme un service sacré.
Les membres de l’Assemblée Spirituelle Nationale Baháʼíe de Malaisie ont accueilli les chefs lors d’une cérémonie solennelle, en plaçant sur leurs têtes des couronnes traditionnelles tressées en paille (« tempok »). Ce geste humble incarnait l’esprit qui animait ce rassemblement : redéfinir le leadership comme une confiance sacrée, et un acte de service humble guidé par le principe articulé par ʻAbduʼl-Bahá selon lequel « chaque personne devrait s’efforcer de servir l’humanité ». Ce rassemblement, organisé conjointement par l’Assemblée Spirituelle et le Conseil Baháʼí de la Région Centrale, est né d’une compréhension profonde que le développement durable des villages exige plus qu’un simple leadership individuel ; il nécessite des efforts coordonnés des institutions, de la communauté et des individus.
Une lourde responsabilité, partagée
Les « tok batin » occupent une position unique dans la société malaisienne. Leur autorité est à la fois formelle et profondément personnelle, touchant chaque dimension de la vie du village. Cependant, comme l’a déclaré Dahali Bah Nanep, tok batin du village de Berindu : « Parfois, j’ai l’impression d’être seul face à des forces trop grandes pour être déplacées et séparé par de vastes distances d’autres personnes qui pourraient partager des défis similaires. » Ce sentiment d’isolement a été un thème récurrent tout au long de la conférence. Grâce à des consultations franches et sincères, ces chefs de village ont discuté des problèmes redoutables auxquels leurs communautés sont confrontées — empiètement des terres, dégradation de l’environnement, scolarisation insuffisante et maux sociaux tels que l’abus de substances et le mariage précoce — qui jettent de longues ombres sur la vie des habitants. Malgré ces défis, un esprit d’espoir a prévalu, stimulé par des exemples de résilience communautaire et d’initiatives locales, où un nombre croissant d’individus — des enfants et des jeunes aux parents et aux anciens — appliquent des principes spirituels pour faire face aux réalités de la vie quotidienne.
Écouter l’avenir : l’autonomisation des jeunes et le rôle baháʼí
La Région Centrale de la Malaisie présente un paysage unique où un nombre croissant de personnes dans les villages Orang Asli embrassent un mode de vie baháʼí vibrant et transformateur. Dans ces communautés, les agences et institutions baháʼíes — telles que le Conseil Baháʼí de la Région Centrale — collaborent avec les structures de leadership traditionnelles pour créer des espaces de consultation authentique et pour cultiver une action unifiée. Dans les villages Orang Asli, un nombre croissant de personnes s’appuient sur les principes baháʼís, tels que la consultation et l’unité de l’humanité, pour construire des communautés résilientes capables de relever collectivement les défis de la vie quotidienne. La participation des jeunes a considérablement enrichi les consultations, soulignant la manière dont les programmes d’éducation morale et spirituelle baháʼís façonnent concrètement l’action communautaire. Syazira, une jeune de Chang Lama village, a expliqué le pouvoir de ces programmes d’éducation morale pour favoriser l’harmonie : « Je vis dans une communauté avec des personnes de différents horizons et confessions, et j’apprends à travailler avec toutes les personnes, quelles que soient leurs croyances, notamment par le biais de projets de service. » Elle a décrit un projet de service simple mais efficace mené par quelques autres jeunes qui ont livré le courrier accumulé dans le village, nourrissant la confiance et l’unité. Suhairy, un autre jeune de Chang Lama, a partagé comment les programmes d’éducation morale ont éclairé son sens du but, disant : « J’ai appris à mieux comprendre la réalité de ma communauté. J’ai appris les qualités nécessaires pour un service significatif et comment les enseignements spirituels inspirent une action tangible. »
Promouvoir le leadership collaboratif et cultiver une culture d’espoir
Un esprit de but partagé et de responsabilité collective a imprégné le rassemblement, rendu plus puissant par l’expérience de se réunir. Au cours de sessions ponctuées de prières et de démonstrations d’arts traditionnels, les « tok batin » ont réfléchi au principe selon lequel le progrès — qu’il soit matériel ou spirituel — ne peut pas reposer sur une seule paire d’épaules. Bah Sari Bah Isap, tok batin du village de Ngening, a exprimé un sentiment partagé par beaucoup : « Ce rassemblement a élevé nos esprits et nous a rappelé que nous ne travaillons pas isolément mais en tant que partie d’une grande famille luttant ensemble pour l’amélioration de la société. » Lim Soon Kam, président de l’Assemblée Spirituelle Baháʼíe, a approfondi ce thème dans son discours liminaire : « Le véritable leadership ne découle pas du pouvoir individuel, mais d’un service humble — un engagement envers l’humanité fondé sur la justice, l’égalité et l’unité. » Le rassemblement a souligné la manière dont les structures de leadership traditionnelles, les agences et institutions baháʼíes, la communauté et les individus peuvent tous travailler ensemble pour renforcer leurs villages. Plutôt que de remplacer l’autorité existante, l’objectif est de créer des relations complémentaires basées sur la confiance qui multiplient la capacité de changement positif. Dans un moment inspirant, les participants ont partagé leurs aspirations pour leur « village de rêve » — un lieu où l’autonomie, le progrès collectif, l’éducation matérielle et spirituelle, et les lieux de culte constituent le fondement de la vie communautaire. Le Dr Lim a ajouté : « Vous vous situez entre la tradition et le progrès, et vous pouvez aider à façonner une société future qui est alignée sur son riche patrimoine culturel et aussi sur les besoins d’un monde en constante évolution. » Il a encouragé les « tok batin » à embrasser leurs rôles non seulement comme « gardiens du passé, mais comme concepteurs de l’avenir. » En réfléchissant au rassemblement, Idayu Yusof, secrétaire du Conseil Baháʼí de la Région Centrale, a déclaré : « Cette conférence a affirmé une vérité profonde : que la reconnaissance de la noblesse et de la capacité inhérente de chaque individu permet à des communautés entières de prendre en charge leur propre développement. » Mme Yusof a ajouté : « Cela nous rappelle que la véritable transformation n’émerge pas simplement d’initiatives externes, mais de profonds changements internes dans la façon dont nous travaillons ensemble et nous servons mutuellement. » Les « tok batin » ont exprimé leur détermination à poursuivre ces conversations, reconnaissant que les défis auxquels ils sont confrontés nécessitent une collaboration soutenue plutôt que des efforts isolés. Beaucoup ont exprimé le désir de se réunir annuellement, créant ainsi des opportunités continues d’apprentissage collectif et d’avancement de la pensée. …Plus
Auteur de l’article :
Monir Erfani
Journaliste et Traducteur
ABN Baháʼí News Foundation
Contact : monir@abnnews.net
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